Le citoyen français est-il responsable des quelques 185 kilos d’ordures non recyclables qu’il produit annuellement ? En partie oui, car il ne tri pas toujours correctement ses ordures, mais le dispositif de tri sélectif français est également bancale, car on nous met quatre ou cinq types de benne à ordure à disposition, alors qu’il en faudrait une quinzaine pour être sûr qu’il n’y est pas d’impuretés dans les déchets à recycler. Car il faut justement que les détritus soient « purs ».

Pourquoi mieux différencier les types de déchets ?

Il faut savoir que le verre, les papiers, les métaux ou les plastiques sont des matières que l’on peut séparer en plusieurs catégories. Par exemple : le plastique dur ou le plastique mou. Le verre coloré ou le blanc. Du côté des métaux, nous avons l’aluminium, le fer, le cuivre, etc. Et chacune de ces catégories de déchets nécessite des techniques de recyclage différentes. Il parait donc logique de séparer le fer, du cuivre, mais aussi les cartons du papier journal et les différents plastiques. Pourtant, en France, nous ne trouvons pas de bennes à ordures spécifiquement dédiées à l’une ou l’autre de ces catégories de déchets. Presque tous les types de verre (bocaux, bouteilles, même des miroirs cassés, etc.) vont dans la benne verte. Tous les papiers (les cartons, journaux, magazines,) vont dans la benne bleue. Toutes les catégories de plastique vont dans la benne rouge. Et dans cette dernière, on met également les métaux. Ce qui parait totalement absurde, car une usine qui recycle du fer ne recycle pas forcément du plastique.

Les usines de recyclage veulent des déchets mieux triés

Tout le problème vient des bennes qu’on nous met à disposition. Elles représentent une première étape dans le tri sélectif, mais les usines de recyclage sont quand même obligées de trier une deuxième fois ces bacs à ordures, pour enlever les détritus qu’elles ne peuvent pas recycler. C’est donc sur les sites des usines de valorisations que les catégories de métaux sont séparées, les catégories de verre, etc. Mais cette deuxième étape de tri est souvent trop coûteuse. N’oublions pas qu’une usine reste une entreprise qui a besoin d’être rentable. Sachant cela, on comprend que certaines refusent tout simplement de faire un deuxième tri. Surtout lorsque le pré tirage (par les ménages) est mal fait. En général, seules les usines équipées pour recycler plusieurs types de déchets peuvent se permettre d’effectuer ce deuxième tri, car pour elle, cela reste rentable. Tout dépend des installations. Par contre, une usine qui ne recycle que du plastique mou par exemple, refusera les bennes à ordure qui contiennent du plastique dur mélangé à du mou.

Comment être plus sélectif ?

  • Soit en demandant au citoyen un effort supplémentaire. Ce qui impliquerait la mise en place d’un dispositif avec davantage de bennes à ordures. Un bac par type de déchet, avec au moins une quinzaine de catégories différentes ou une véritable poubelle de tri sélectif.
  • Soit en incitant les usines de recyclage à moderniser leurs installations. Ce qui impliquerait de lourds investissements de leurs part, le but étant que chaque usine puisse traiter les déchets par type de benne à ordure. (Verte, bleue, rouge, etc.).
Par exemple, une usine qui recycle les plastiques devrait aussi recycler les métaux (benne rouge). Mais cette solution reste peu crédible, car il y a plusieurs catégories de métaux et de plastique. Sans changer le dispositif de tri actuel, il faudrait donc que chaque usine soit capable de recycler absolument tous les déchets. Ce qui est impossible.

Le juste compromis

Objectivement, l’idéal serait peut-être d’avoir un peu plus de poubelles, mais certainement pas 15, ainsi que des usines plus polyvalentes. Il faudrait qu’elles soient capables de recycler au moins deux, voire trois types ou catégories de déchets sur leur site. Pas besoin pour cela d’être équipées des dernières machines ultras high-tech et hors de prix. L’effort doit donc être partagé. Les usines devraient investir un peu plus d’argent dans leurs installations et les citoyens, plus de temps dans le tri de leurs déchets. Et ce, dans l’espoir que le gouvernement fasse le nécessaire pour mettre suffisamment de bacs à ordure différents à la disposition des ménages. Et à proximité de chez eux.